Rendez-vous à Paris pour évoquer non pas la 43ième édition du marathon mais un autre challenge issu aussi de la Grèce antique : Les 12 travaux d’Hercule.
Rénover un petit appartement peut s’apparenter à cette légende pour des amateurs en métiers du bâtiment. Revenons donc à nos 12 « petits » travaux / « grosses » galères.
1- Outils et charges
D’abord, le dit appartement n’est pas à côté. Il est en plein centre d’une des plus grosses villes d’Europe.
Et qui dit travaux, dit outils : Il faut donc penser à tout et réussir à le caser dans l’automobile !
Reste qu’une automobile à Paris, ce n’est pas le moyen de transport le plus adapté. Un vélo est beaucoup plus rapide (quand on ne se fait pas voler la selle).
Imaginez le tableau : transporter deux gros seaux de colle à carrelage (25 kilos chacun) sur une bicyclette, qui plus est, sans selle. Non, nous ne sommes pas en Chine mais bien en France ! Pas de photos, quel dommage, mais un vrai défi ardemment relevé.
2- Monte-charge
Notre petit appartement est idéalement situé mais au quatrième étage d’un immeuble de début 1900 (et bien évidemment sans ascenseur).
Mollets et abdominaux vont être largement sollicités pour monter et descendre outils et matériaux.
Petite liste non exhaustive de ces derniers :
- 6 sacs de 30 kilos de mortier
- 9 boîtes de 20 kilos de carrelage
- 5 pots de colle à carrelage (2×25 kilos, 2×8, 1×10)
- 2 pots de 10 kilos de peinture
- 3 sacs de plâtre et enduits divers
- 1 plaque de Placoplâtre
Bref, un peu plus de 500 kilos de matières premières à hisser dans l’escalier de bois de la belle époque.
3- Démolition
Notre petit appartement est agencé à l’ancienne mode.
Aérer la pièce à vivre en abattant quelques cloisons est primordial pour le rajeunir.
C’est donc parti pour l’usage des burins et massettes.
Heureusement les murs en carreaux de plâtre cèdent facilement sous les coups assénés avec l’énergie des débuts de travaux.
Encore faut-il ne pas tout détruire sauvagement afin que le ciel (enfin le plafond) ne nous tombe pas sur la tête !
Petite insomnie, message d’alerte, puis consolidation en priorité de l’ossature du plafond pour y remédier.
4- Évacuation des gravats
Maintenant que les murs sont en miettes, il faut évacuer les gravats.
Mais pour quelques mètres carrés de cloisons, combien de sacs faut-il ?
Ce sont 35 sacs d’environ 25 kilos (avec le carrelage) qui seront à faire disparaître pour retrouver un peu d’espace dans notre petit appartement.
Le voyage à une première déchetterie se solde par un échec, faute de bennes accessibles. Une seconde, située quelques kilomètres plus loin (lesquels seront parcourus à vitesse de parisien), les accepte enfin. Pour gagner du temps, nous ferons appel à une société tierce pour en enlever la moitié (qu’il aura fallu malgré tout, descendre dans la cour).
Faites le compte, 875 kilos de déblais descendus depuis le quatrième, sous le regard vigilant de la mamie concierge.
Pour faciliter le convoyage, un mini diable semble l’accessoire indispensable. Mais le franchissement du premier trottoir lui sera fatale ! (Il était pourtant prévu pour une charge de 60 kilos !)
5- Plomberie
Réagencer notre petit appartement nécessite de déplacer quelques tuyaux (évacuation et arrivées d’eau d’évier).
Nous les suivons sans problème en cassant la dalle petit à petit. Ils ne partent malheureusement pas dans la direction escomptée…
Braser le gros tuyau d’évacuation en cuivre nous effraie un peu, malgré le cours de soudure pris en accéléré le weekend d’avant.
Nous décidons donc de faire « appel à un ami ». Deux colis nous sont donc envoyés en express par le TGV.
Ils nous sauvent la situation et nous donnent un petit coup de main complémentaire pour enlever l’ancien carrelage.
6- Electricité
Avec quelques pans de murs en moins, notre petit appartement paraît déjà plus grand et s’avère plus lumineux. Mais un petit lifting électrique lui fera le plus grand bien.
C’est donc parti pour l’identification des fils du tableau électrique : mais l’imbroglio arrivant aux disjoncteurs ne décline pas facilement son identité. Et, cerise sur le gâteau, les gaines se divisent en plusieurs autres sous le plancher, rendant impossible de tirer du câble réseau en lieu et place de fils électriques coincés dans les bifurcations des gaines.
L’appartement connecté, pourtant un MUST pour le nouveau propriétaire, n’est pas encore garanti !
7- Plafond
Notre petit appartement est maintenant un peu nu après toutes ces actions. Il lui faut un nouveau plafond pour la cuisine.
Pour cela, il a déjà fallu transporter sur la galerie de la voiture (fort heureusement, grand beau sur Paris pendant ces derniers jours) et hisser au quatrième étage une plaque de Placoplatre (2m40 x 1m20) : dans l’escalier, ce n’est pas coton !
La plaque préparée, nous attendons la venue d’un nouvel ami pour la poser. Altitude attendue : 2m60. Avec un petit tabouret pour assister deux escabeaux, c’est trop physique ! La première tentative échoue.
Nous bricolons un petit étai, anticipons la traversée des fils électriques et retentons. Mais, à la première fixation, certaines suspentes ne résistent pas à la charge. La deuxième tentative échoue.
Le moral est au plus bas. Que faire pour que le plafond tienne ?
Une bonne pose et une réflexion intense nous font opter pour des trous plus étroits pour les chevilles de suspentes. Tout est repris et la résistance à la charge, testée, avant de présenter à nouveau la plaque. La troisième tentative est un succès total. Nous maîtrisons désormais parfaitement l’épaulé-jeté de la plaque de Placoplatre. Maintenant, ce sont les batteries des visseuses qui sont mortes … Utiliser la perceuse résoudra ce dernier aléa.
8- Maçonnerie
Le pauvre petit appartement est cependant en piteux état après toutes nos destructions. Le sol de la cuisine ressemble à Verdun. Il est grand temps de lui restaurer sa chape. Maçons à vos truelles !
Auparavant il faut remettre le sol à niveau et pour cela, ôter toute la colle de l’ancien carrelage.
Tactique 1 : Marteau et burin : c’est épuisant et inefficace
Tactique 2 : Marteau-piqueur : c’est destructeur
Tactique 3 : Humidification et disqueuse : à retenir, mais imaginé trop tardivement.
Beaucoup d’huile de coude pour une chape prête à accueillir à un nouveau revêtement. Ouf, elle est suffisamment basse pour que l’épais carrelage ne soit pas plus haut que le plancher !
9- Plâtres et enduits
Après le sol, il est temps de reboucher tous les autres trous de notre petit appartement (et il y en a). Plâtre et spatules sont à l’œuvre.
La difficulté principale réside maintenant dans le lavage des accessoires. Difficile de vider son seau dans le caniveau quand on est au quatrième étage. Nous optons alors pour des récipients jetables. Que de trous à boucher ! Et bientôt les récipients viennent à manquer. Les allers-retours au magasin de bricolage du quartier maintiennent nos petits mollets en forme.
10- Parquet
Notre petit appartement dispose de bons vieux planchers pour lesquels un ponçage et une vitrification s’imposent.
Mais quels outils utiliser ?
Nous disposons d’une ponceuse vibrante et d’une ponceuse orbitale qui ne se montrent pas très bien adaptées à notre ouvrage. Après une journée de galère, nous investissons dans une ponceuse à bande, providentielle!
Réparer une larme abimée nous demande aussi beaucoup d’énergie et de temps (qui commence à nous manquer). Mais surtout, le ponçage couvre de sciure de bois toute la chambre. Notre vieil et vaillant aspirateur aura fort à faire.
11- Peinture
Notre petit appartement dispose d’une chambre qu’un rafraîchissement de teint rajeunirait. En avant pour la peinture !
Après un bon lessivage, nous démarrons celle-ci (et la galère du plafond). Pas facile de peindre à 2m80 de façon homogène. Les cervicales fatiguent et les détails des moulures prennent du temps. Cependant, la chambre fait peu à peu peau neuve. Ceci, avant la réfection du plancher car la sciure vient tout salir.
Malheur à nous, nous passons une éponge mouillée sur les murs qui incruste la poussière. Il nous faudra repeindre après la vitrification du parquet…
12- Carrelage
Pour garder l’âme de ce petit appartement, il lui fallait un carrelage de prestige, de beaux carreaux vieillis de forme hexagonale. Séance carrelage au programme.
Difficultés n°1 : La coupe. Les carreaux se coupent facilement mais pas toujours là où c’était prévu. La meuleuse sera donc la compagne de la carrelette (bonjour le bruit et la poussière).
Difficultés n°2 : La pause sur un sol inégal. Beaucoup plus de colle que nécessaire nécessite un réapprovisionnement d’urgence de celle–ci.
Après une séance joint « two fingers in the nose », le sol est magnifique.
Nous pouvons enfin souffler, le gros œuvre est terminé et notre mission, en grande partie achevée.
Il reste bien sûr quelques finitions mais comme dit l’adage : « Paris ne s’est pas faite en un jour ».