Il était une fois une vieille machine entreposée depuis au moins 25 ans au fond d’un garage.
Mi 2021, lors de l’exploration de l’atelier de mon grand-père, elle nous a fait un clin d’œil. Oh, elle n’avait pas vraiment fière allure avec ses pneus dégonflés, sa couche de poussière et son moteur serré. Mais pouvions-nous rester indifférents à son appel de détresse ?
Une idée a lentement fait son chemin. Et si nous lui faisions un petit lifting pour l’offrir à sa propriétaire historique, à l’occasion d’un évènement marquant. L’année 2023 débutant, il était temps de nous mettre à l’ouvrage ! Mi-février, nous l’avons extrait de son garage de campagne, pour la ramener en ville.
La restauration démarrait avec le démontage et la toilette de chacune de ses pièces. Tout n’était pas (plus) rose, enrobé de crasse, rouille et cambouis ! Mais savon, pétrole, brosse métallique, associés à une bonne dose d’huile de coude, en sont venu à bout.
Le challenge à venir était de remonter le tout, sans qu’il ne nous en reste la moitié sur les bras !
Examinons ensemble les pièces du puzzle:
Tout d’abord, le moteur. Il faut l’ouvrir, en chauffant un peu (merci le chalumeau du grand-père) pour libérer le piston bloqué dans le cylindre. Et là, premier revers: impossible d’extraire les segments sans les casser. Il faut en changer. C’est ensuite à l’embrayage d’être démonté. Ses garnitures sont si fines qu’il faut, là aussi, faire peau neuve. Remonté avec des joints tout neufs, le moteur est pimpant mais, deuxième revers, le test d’allumage échoue ! Là, grand moment de galère pour desserrer ce « plaisantin » d’écrou de volant magnétique. Marteau, burin, chalumeau en viennent finalement à bout. Ouf !! Le condensateur et le rupteur sont changés. Mais, horreur, malheur, le test d’allumage échoue toujours ! Il faudra changer l’antiparasite pour que, enfin, une étincelle illumine la bougie !!
Un cyclomoteur, comme son nom l’indique, c’est un moteur associé à un cycle. Passons donc maintenant au cycle. Un entretien et un graissage des roulements s’imposent. Qui dit roulements, dit billes, et bien sûr, l’une d’elle se fait la malle ! De plus, un rayon de la roue arrière pendouille. Vite, vite, nous lançons une nouvelle commande de pièces détachées. Cela nous laisse un peu de temps pour user de la paille de fer pour éliminer toute trace de rouille, y compris sur les moindres rondelles et boulons. Il faut ensuite tout remonter et là, quelle surprise, la chaine vélo est maintenant trop longue. C’est facile; il suffit de retirer deux maillons.
N’oublions pas les éléments de sécurité. Nous entreprenons d’abord, une petit phase « électricité » (nettoyage et soudure de quelques contacts dont celui du klaxon) puis le changement des gaines et câbles des différentes commandes.
Le bolide est enfin prêt pour les essais. Le premier n’est pas très concluant : l’essence n’arrive pas. Il faut vidanger le réservoir pour investiguer et découvrir que le robinet (la seule pièce que nous n’avions pas nettoyée) est bouché. Au second essai, le moteur démarre mais le robinet d’essence fuit (un comble vous dirait le plombier) et pour le changer, il faut à nouveau, vidanger le réservoir ! Nous devons ensuite attendre que le temps soit au beau fixe, pour lancer un essai sur piste. Le mécanicien est formel : la machine pourrait s’enrhumer (se rouiller) sous la pluie. Mais sous un beau soleil de printemps, elle effectue avec succès ses premiers tours de piste. Un ultime réglage des freins et la pose des carters concluent son lifting.
Ah, elle a fière allure la « mob » ou le « boguet », comme diraient nos amis suisses.
Prêts pour un petit essai ?
au rythme d’une rengaine pour les nostalgiques.
Extrait de « Mobylette, Les Escros »